Quelles options de contraception estroprogestative sont disponibles ?
Intro
La contraception estroprogestative reste, encore aujourd’hui, l’une des méthodes les plus prescrites en France. Combinant deux hormones de synthèse – un œstrogène et un progestatif –, elle permet d’inhiber efficacement l’ovulation tout en modifiant la glaire cervicale et la muqueuse utérine.
Mais derrière cette appellation générique se cachent plusieurs formes galéniques, plusieurs générations de pilules, et des modalités d’usage variables selon les profils. Quelles sont les options réellement disponibles ? Comment s’y retrouver entre pilule, patch et anneau ? Et surtout, comment choisir une contraception à la fois efficace, bien tolérée et adaptée à son mode de vie ?
Cet article propose un tour d’horizon clair et rigoureux des différentes options estroprogestatives disponibles, en mettant en lumière leurs spécificités, leurs indications et leurs limites.
Comprendre la contraception estroprogestative
Définition et mécanisme d’action
Les contraceptifs estroprogestatifs associent un œstrogène de synthèse, généralement l’éthinylœstradiol, et un progestatif dérivé de la progestérone. Ce duo hormonal agit selon un triple mécanisme complémentaire : l’inhibition de l’ovulation via un blocage de l’axe hypothalamo-hypophysaire, l’épaississement de la glaire cervicale qui devient imperméable aux spermatozoïdes, et la transformation de l’endomètre, rendant la nidation improbable.
L’ensemble de ces effets vise à empêcher toute grossesse, même en cas d’ovulation exceptionnelle.
Différences avec les méthodes progestatives
Contrairement aux estroprogestatifs, les contraceptifs progestatifs purs ne contiennent qu’une seule hormone, administrée à faible dose. Leur action repose avant tout sur la modification de la glaire cervicale et, pour certains, sur une inhibition partielle ou complète de l’ovulation.
Moins contraignants sur le plan vasculaire, ces contraceptifs sont souvent préférés chez les femmes présentant des contre-indications aux œstrogènes, comme les migraines avec aura, le post-partum immédiat ou les antécédents thromboemboliques. Toutefois, ils n’agissent pas sur les symptômes d’hypoœstrogénie et sont parfois moins bien tolérés en termes de saignements irréguliers.
Pour aller plus loin sur le sujet : Comment fonctionnent les contraceptifs progestatifs ?
Les principales formes disponibles
La pilule estroprogestative
Présentation des différentes générations
Les pilules estroprogestatives sont classées en générations selon le type de progestatif utilisé. Toutes contiennent de l’éthinylœstradiol (EE), associé à un progestatif norstéroïdien, avec des différences notables en termes de tolérance et de risques vasculaires.
Principales générations :
- 1re génération : Noréthistérone (Triella®), 35 µg d’EE.
- 2e génération : Lévonorgestrel (Minidril®, Adepal®, Optidril®), 20 à 40 µg d’EE.
- 3e génération :
Désogestrel (Mercilon®, Varnoline®),
Gestodène (Harmonèt®, Minulet®),
Norgestimate (Cilest®, Triafemi®). - 4e génération et pilules récentes :
Drospirénone (Jasminelle®, Yaz®),
Nomégestrol (Zoely®),
Chlormadinone (Belara®),
Diénogest (Qlaira®).
Recommandation HAS
Privilégier une pilule de 2e génération en première intention, en raison d’un risque thromboembolique moindre.
Modalités de prise et efficacité
La pilule se prend quotidiennement, de préférence à heure fixe. Elle est efficace en usage parfait, mais les oublis, interactions médicamenteuses ou vomissements peuvent compromettre sa fiabilité.
Conseils de bon usage :
- Début possible dès le 1er jour des règles ou en méthode « quick start » (à n’importe quel moment du cycle).
- Utiliser un préservatif les 7 premiers jours si la contraception n’est pas commencée en début de cycle.
- En cas d’oubli > 12 h, prendre immédiatement le comprimé, poursuivre normalement, et consulter les recommandations selon le moment du cycle.
Le patch contraceptif
Fonctionnement hebdomadaire
Le patch (EVRA®) est un timbre transdermique à coller sur la peau (bras, abdomen, fesse, torse) une fois par semaine pendant trois semaines, suivi d’une semaine sans patch.
Il diffuse de façon continue un œstrogène et un progestatif.
Avantages et limites
- Limite les oublis liés à la prise quotidienne.
- Non recommandé au-delà de 90 kg (efficacité réduite).
- Expose à un surrisque thromboembolique veineux (comparable aux pilules de 3e génération).
- Non remboursé par la Sécurité sociale.
L’anneau vaginal
Utilisation mensuelle
L’anneau vaginal (NuvaRing®) s’insère au fond du vagin et y reste trois semaines. Il est ensuite retiré pendant sept jours. L’administration est locale, mais les hormones agissent de manière systémique.
Précautions et tolérance
- Efficacité équivalente à celle de la pilule.
- Effets indésirables similaires aux autres contraceptifs combinés.
- Contre-indications identiques à celles des pilules estroprogestatives.
- Non remboursé.
Comparatif des contraceptifs estroprogestatifs
| Méthode | Fréquence | Remboursement | Efficacité théorique | Risque thromboembolique | Avantages principaux |
| Pilule | Quotidienne | Oui (1re/2e gén.) | > 99 % | Variable selon la génération | Souplesse, maîtrise du cycle, coût réduit |
| Patch (EVRA®) | Hebdomadaire | Non | > 99 % | Équivalent 3e génération | Facile à utiliser, moins d’oublis |
| Anneau (NuvaRing®) | Mensuelle | Non | > 99 % | Équivalent 3e génération | Discret, stable, bon confort d’utilisation |
Comment choisir la méthode adaptée ?
Facteurs médicaux à considérer
Le choix d’une contraception estroprogestative ne peut se faire qu’après une évaluation rigoureuse du profil médical de chaque femme.
Certaines situations contre-indiquent formellement l’usage d’un contraceptif combiné, notamment les antécédents de thrombose veineuse ou artérielle, les migraines avec aura, le tabagisme après 35 ans, ou certaines affections hépatiques. Il en va de même pour les pathologies hormonodépendantes, comme le cancer du sein.
En post-partum, la contraception estroprogestative n’est pas recommandée avant 6 mois en cas d’allaitement, et avant 42 jours si la femme n’allaite pas. Une consultation médicale préalable s’impose systématiquement avant toute prescription, afin d’évaluer le risque vasculaire, de mesurer la tension artérielle et, si besoin, de réaliser un bilan biologique (glycémie, cholestérol, triglycérides). En cas de doute, les contraceptifs progestatifs seuls ou non hormonaux doivent être privilégiés.
Bon à savoir
Certaines conditions de santé, comme les migraines avec aura ou les antécédents thromboemboliques, rendent les œstroprogestatifs formellement contre-indiqués.
Préférences et modes de vie
Au-delà des critères médicaux, le choix d’une contraception doit aussi s’adapter au quotidien de la personne concernée.
Pour les femmes qui peinent à respecter une prise quotidienne (oubli, horaires irréguliers, décalages horaires fréquents), un patch hebdomadaire ou un anneau vaginal mensuel peut offrir plus de flexibilité. Les jeunes utilisatrices peuvent préférer une méthode discrète et facilement réversible.
À l’inverse, certaines femmes privilégieront la possibilité de contrôler leurs cycles ou de provoquer une aménorrhée pour des raisons personnelles ou thérapeutiques (dysménorrhées, endométriose). L’adhésion au mode de prise est un facteur essentiel de l’efficacité en usage réel.
Bon à savoir
La méthode la plus efficace est celle qui s’intègre facilement au quotidien et respecte le rythme de vie de la personne qui l’utilise.
Importance de l’accompagnement professionnel
Une contraception bien choisie est toujours le fruit d’un dialogue éclairé avec un·e professionnel·le de santé. La consultation structurée permet de recueillir les attentes, les craintes, les antécédents et les éventuelles contre-indications.
L’utilisation d’outils d’aide à la décision (fiches comparatives, modules interactifs) peut faciliter ce choix. Le rôle du prescripteur ou de la sage-femme ne se limite pas à délivrer une ordonnance, mais bien à coconstruire, avec la patiente, une stratégie contraceptive sûre, personnalisée et évolutive. Car une contraception mal adaptée est souvent abandonnée… au risque d’une grossesse non désirée.
Bon à savoir
Un choix contraceptif éclairé passe par un accompagnement médical personnalisé, loin des prescriptions standardisées.
Conclusion ouverte
L’enjeu de l’information éclairée
Choisir une contraception estroprogestative ne se résume pas à opter pour une pilule ou un patch : il s’agit d’une décision qui engage le corps, la santé et parfois l’équilibre émotionnel.
Trop souvent, l’accès à la contraception s’est fait au prix d’un consentement insuffisamment informé, d’une banalisation des effets indésirables ou d’une absence d’alternatives claires. Aujourd’hui encore, la distinction entre contraception, contragestion (prévention de la nidation) et interruption volontaire de grossesse reste floue dans le discours public, alors qu’elle conditionne pourtant des choix éclairés.
Concilier confort, sécurité et autonomie reproductive
L’évolution des méthodes contraceptives, en particulier hormonales, a représenté une avancée majeure pour l’autonomie reproductive. Mais cette avancée s’est aussi accompagnée d’une médicalisation croissante du corps féminin, parfois vécue comme intrusive.
Il est essentiel de rappeler que l’efficacité d’une méthode n’est pas le seul critère de choix : la tolérance, la simplicité d’utilisation, la compatibilité avec un mode de vie ou des croyances personnelles doivent être prises en compte.
Certaines femmes se sentent en sécurité avec une pilule bien tolérée ; d’autres préféreront éviter les hormones et se tourner vers des méthodes naturelles ou mécaniques. D’autres encore chercheront une méthode longue durée sans avoir à y penser chaque jour. Ce pluralisme est légitime. Il suppose, pour être pleinement respecté, un accompagnement professionnel sans jugement, un accès équitable à l’information et la reconnaissance des parcours de vie et des besoins individuels.
Sources :
Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, Agence de sécurité sanitaire des produits de santé, Institut national de prévention et d’éducation en santé. (2004). Stratégies de choix des méthodes contraceptives chez la femme : Recommandations pour la pratique clinique. Argumentaire. Saint-Denis La Plaine : ANAES.
Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, Agence de sécurité sanitaire des produits de santé, Institut national de prévention et d’éducation en santé. (2004). Stratégies de choix des méthodes contraceptives chez la femme : Recommandations pour la pratique clinique. Recommandations. Saint-Denis La Plaine : ANAES.
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (2012). Contraceptifs oraux combinés (COC) et risque de thrombose veineuse. Préférer les pilules de 2e génération contenant du lévonorgestrel. Information destinée aux prescripteurs. Saint-Denis : ANSM.
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (2013). EVRA (patch contraceptif) et risque de thrombose veineuse : préférer un contraceptif oral combiné (COC) de 1re ou 2e génération. Saint-Denis : ANSM.
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (2013). Questions - Réponses pilule contraceptive. Le point en 24 questions. Saint-Denis : ANSM.
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (2014). Contraceptifs hormonaux combinés : rester conscient des différences entre les spécialités face au risque thromboembolique, de l’importance des facteurs de risque individuels, et être attentif aux manifestations cliniques. Lettre aux professionnels de santé. Saint-Denis : ANSM.
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (2014). Document d’aide à la prescription. Contraceptifs hormonaux combinés. Saint-Denis : ANSM.
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Haute Autorité de Santé. (2014). Vous et vos contraceptifs oestroprogestatifs. Saint-Denis : ANSM.
Haute Autorité de Santé. (2013). Contraception hormonale orale : dispensation en officine. Fiche mémo. Saint-Denis : HAS.
Haute Autorité de Santé. (2013, révisé 2019). Contraception chez la femme à risque cardiovasculaire. Fiche mémo. Saint-Denis : HAS.
Haute Autorité de Santé. (2013). Méthodes contraceptives : Focus sur les méthodes les plus efficaces disponibles. Saint-Denis : HAS.
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Organisation mondiale de la santé. (2011). Guide de la planification familiale à l’usage des agents de santé communautaires et de leurs clients. Genève : OMS.
Trussell, J. (2011). Summary table of contraceptive efficacy. In Hatcher, R. A., Trussell, J., Nelson, A. L., Cates, W., Kowal, D., & Policar, M. (Eds.), Contraceptive Technology (20e éd.). New York : Ardent Media.
Bajos, N., Bohet, A., Le Guen, M., Moreau, C., & l’équipe de l’enquête Fecond. (2012). La contraception en France : nouveau contexte, nouvelles pratiques ? Population & Sociétés, (492).
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