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Quels sont les avantages et les inconvénients de la contraception estroprogestative ?


Introduction

Depuis son autorisation en France dans les années 1960, la contraception hormonale a profondément transformé la vie reproductive des femmes.

En libérant la sexualité du risque systématique de grossesse, elle a constitué une avancée majeure en matière de santé publique et d’autonomie. La contraception estroprogestative, en particulier, demeure aujourd’hui l’une des méthodes les plus prescrites dans le monde, bien qu’elle fasse l’objet de réévaluations régulières, tant du point de vue médical que sociétal.

En 2016, plus de 9 femmes sur 10 âgées de 15 à 49 ans, sans désir de grossesse, déclaraient utiliser une méthode contraceptive en France, majoritairement médicale. Malgré un recul relatif de la pilule ces dernières années, les contraceptifs combinés à base d’œstrogène et de progestatif continuent d’occuper une place centrale dans les consultations de gynécologie et de médecine générale.

Mais que recouvre exactement le terme de “contraception estroprogestative” ? Quels sont ses bénéfices prouvés, ses limites cliniques, ses contre-indications ? Et surtout, comment s’y retrouver parmi les différentes formes disponibles ?

Cet article propose un état des lieux actualisé, fondé sur les recommandations scientifiques, afin d’éclairer les choix contraceptifs de manière raisonnée, sans alarmisme ni idéalisme.

Qu’est-ce que la contraception estroprogestative ?

Les différentes formes disponibles

Pilule combinée

La pilule estroprogestative constitue la forme la plus prescrite et la plus connue. Elle se présente sous forme de comprimés à prendre quotidiennement, généralement sur 21 ou 28 jours selon les schémas. On distingue plusieurs “générations” de pilules, selon le type de progestatif qu’elles contiennent. Les pilules de 1re et 2e génération, à base de lévonorgestrel ou de noréthistérone, sont préférées en première intention pour leur efficacité et leur profil de risque mieux documenté. Les pilules de 3e et 4e génération, contenant du désogestrel, du gestodène ou de la drospirénone, sont associées à un risque thromboembolique veineux légèrement supérieur, ce qui a conduit à une révision de leurs indications et de leur remboursement.

Pilule estroprogestative quotidienne

Leur efficacité contraceptive reste toutefois équivalente.

Patch contraceptif

Le patch estroprogestatif se présente sous forme d’un dispositif adhésif à appliquer sur la peau, permettant une diffusion transdermique des hormones. Il est renouvelé une fois par semaine pendant trois semaines, suivies d’une semaine sans application.

Le patch présente l’avantage de ne pas nécessiter de prise quotidienne, ce qui peut améliorer l’observance. Il est cependant moins recommandé chez les femmes en surpoids (au-delà de 90 kg), en raison d’une efficacité potentiellement diminuée. Il n’est pas remboursé par l’Assurance maladie.

Anneau vaginal

anneau vaginal dispositif souple pour contraception locale

L’anneau vaginal est un dispositif souple à insérer soi-même au fond du vagin. Il diffuse localement une combinaison estroprogestative pendant trois semaines, après quoi il est retiré pour une semaine d’arrêt. Son efficacité est similaire à celle de la pilule et du patch. L’administration locale permet un contournement partiel de la voie digestive, ce qui peut limiter certains effets indésirables. Il est bien toléré par la majorité des utilisatrices, mais son insertion peut poser difficulté à certaines, notamment les plus jeunes. Il n’est pas remboursé non plus.

Mécanisme d’action

Inhibition de l’ovulation

La principale action des contraceptifs estroprogestatifs est l’inhibition de l’ovulation. En maintenant des taux hormonaux stables, ces produits suppriment le pic de LH nécessaire à la libération de l’ovule. Cette inhibition repose sur un effet dit “antigonadotrope” qui perturbe l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien. En l’absence d’ovulation, la fécondation devient impossible.

Modifications cervicales et utérines

Les estroprogestatifs agissent également sur le col de l’utérus et l’endomètre.

  • Glaire cervicale : Sous l’effet du progestatif, la glaire devient plus épaisse et imperméable, empêchant la progression des spermatozoïdes vers la cavité utérine.
  • Endomètre : Le développement de la muqueuse utérine est modifié de manière à empêcher l’implantation d’un ovule fécondé. Le cycle artificiel induit par la contraception rend l’environnement utérin défavorable à la nidation.

Les inconvénients et risques associés

Effets secondaires fréquents

Prise de poids, saignements intermenstruels, tensions mammaires

Les effets indésirables les plus souvent rapportés sous contraception estroprogestative sont généralement bénins mais peuvent altérer la qualité de vie des utilisatrices. Parmi eux, la prise de poids est fréquemment évoquée, bien que les données scientifiques ne montrent pas d’association significative entre contraception hormonale et prise pondérale majeure. Une évaluation clinique est recommandée si une variation de poids importante est constatée, afin d’en rechercher d’autres causes.

Les saignements intermenstruels, ou “spotting”, sont courants lors des premiers mois d’utilisation. Ils résultent d’un déséquilibre entre l’effet estrogénique et progestatif sur l’endomètre ou d’une mauvaise observance. Ces métrorragies persistent rarement au-delà de trois cycles. Enfin, les tensions mammaires (mastodynies), souvent transitoires, peuvent être source d’inconfort mais ne sont généralement pas graves.

Troubles de l’humeur et de la libido

Certaines patientes rapportent des modifications de l’humeur, une irritabilité accrue ou une baisse de libido sous contraceptif hormonal.

Toutefois, les études restent contradictoires sur ce lien, en raison de la difficulté à isoler les causes psychologiques, relationnelles ou contextuelles. En l’absence de preuve formelle, il est recommandé d’évaluer l’ensemble du vécu sexuel et psychoaffectif avant d’attribuer ces symptômes à la contraception seule.

Contre-indications médicales

Risque thromboembolique accru

Les contraceptifs estroprogestatifs augmentent le risque de formation de caillots sanguins, en particulier dans les veines profondes (phlébite) ou les poumons (embolie pulmonaire). Ce risque est maximal dans les 12 premiers mois d’utilisation ou lors d’une reprise après interruption.

Il varie selon le type de progestatif associé : les pilules de 3e et 4e génération présentent un risque plus élevé que celles des 1re et 2e générations. Chez les femmes jeunes en bonne santé, ce risque absolu reste faible (environ 2 à 4 cas pour 10 000 femmes par an), mais il justifie une vigilance accrue.

Risque de méningiome avec le désogestrel seul

Des études récentes ont identifié une augmentation très légère du risque de méningiome bénin chez les femmes utilisant un contraceptif à base de désogestrel seul (micropilule progestative), particulièrement chez les femmes de plus de 45 ans ou après plus de 5 ans d'utilisation continue.

Bien que ce risque absolu reste faible, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) recommande une réévaluation du rapport bénéfice-risque après 45 ans chez les utilisatrices de désogestrel. Cette considération doit être intégrée dans le counseling médical lorsqu'on envisage cette formulation chez les femmes de plus de 45 ans ou au-delà de 5 ans d'utilisation, en particulier si d'autres alternatives progestatives sont disponibles.

Contre-indiquée chez les fumeuses de plus de 35 ans

Le tabagisme augmente significativement le risque vasculaire, notamment artériel. Après 35 ans, l’association tabac et œstrogènes constitue une contre-indication formelle à l’usage de contraceptifs combinés. Cette règle vise à prévenir les accidents graves tels que l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral.

Risques rares mais graves

AVC, embolie pulmonaire (chez femmes à risque)

Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les embolies pulmonaires sont rares mais redoutés. Leur survenue est favorisée par des facteurs de risque préexistants : antécédents personnels ou familiaux de thrombose, obésité, sédentarité, tabagisme, ou troubles de la coagulation. Ces situations doivent être explorées systématiquement avant toute prescription.

Surveillance nécessaire (bilan hépatique, tension artérielle)

Un bilan médical est indispensable avant l’initiation d’une contraception estroprogestative : tension artérielle, poids, indice de masse corporelle, recherche de signes cliniques d’appel. Un suivi régulier est recommandé, notamment chez les femmes à risque cardiovasculaire ou après 40 ans, afin d’ajuster la méthode si nécessaire.

Bon à savoir sur le remboursement

  • Désogestrel seul : non remboursé.
  • Microval (micropilule progestative) : 65% ou gratuit pour les mineures.
  • Pilules combinées contenant du désogestrel : 65% de remboursement.

Facteurs à prendre en compte dans le choix contraceptif

Profil médical et facteurs de risque

Le choix d’une contraception estroprogestative doit toujours s’appuyer sur une évaluation médicale rigoureuse. Les antécédents personnels (thromboses, migraines, pathologies hépatiques) et familiaux (phlébite, cancer du sein) orientent la prescription. Le tabagisme, notamment après 35 ans, constitue une contre-indication absolue. L’indice de masse corporelle, la tension artérielle et l’état veineux doivent être systématiquement vérifiés avant l’initiation. Une attention particulière est requise chez les femmes âgées de plus de 40 ans, pour lesquelles un suivi annuel de la balance bénéfice-risque est préconisé.

Confort d’utilisation et adhérence au traitement

L’efficacité des contraceptifs combinés dépend étroitement de la régularité de leur usage. Une pilule oubliée, un patch mal appliqué ou un anneau mal inséré peuvent compromettre la protection contraceptive. La tolérance subjective (douleurs, effets secondaires, impact sur le quotidien) influence fortement l’adhésion. Les méthodes de longue durée d’action, bien qu’hors du champ des estroprogestatifs, sont parfois à privilégier pour les femmes qui rencontrent des difficultés d’observance.

Prise en compte des préférences et du projet de vie

Le choix d’une contraception ne saurait se réduire à une évaluation médicale. Les préférences de la personne, ses valeurs, son mode de vie et son projet parental doivent être intégrés à la décision. La consultation de contraception constitue un moment clé d’échange, permettant d’expliquer clairement les options disponibles, les bénéfices attendus et les risques potentiels, dans une logique de co-construction du soin.

Alternatives en cas d’intolérance ou de contre-indication

Contraceptifs progestatifs seuls

Les contraceptifs ne contenant que des progestatifs constituent une alternative précieuse lorsqu’un estroprogestatif est contre-indiqué. Ils existent sous plusieurs formes : pilule (micropilule), implant sous-cutané et injection trimestrielle. Leur mécanisme repose principalement sur l’épaississement de la glaire cervicale et la suppression partielle ou totale de l’ovulation selon la formulation. Ces méthodes sont compatibles avec l’allaitement et recommandées en première intention après 40 ans, en raison d’un moindre impact vasculaire et métabolique. Elles peuvent cependant entraîner des saignements irréguliers et une aménorrhée prolongée, qui nécessitent un accompagnement.

À lire aussi : Comment fonctionnent les contraceptifs progestatifs ?

Dispositifs intra-utérins (DIU cuivre ou hormonal)

stérilet au cuivre

DIU au cuivre

Le stérilet au cuivre agit par une réaction inflammatoire locale et une toxicité directe sur les gamètes. Il ne contient pas d’hormones et peut être proposé en contraception d’urgence jusqu’à cinq jours après un rapport à risque. Il est parfois mal toléré en cas de règles abondantes ou douloureuses.

DIU hormonal (lévonorgestrel)

Le DIU hormonal libère localement un progestatif, modifiant l’endomètre et la glaire cervicale. Il est particulièrement adapté aux patientes souffrant de ménorragies ou de dysménorrhées, et peut induire une aménorrhée thérapeutique.

Méthodes non hormonales

Les méthodes barrières (préservatifs, diaphragme, cape cervicale) et les méthodes naturelles (MAMA, symptothermie, retrait) offrent des alternatives sans hormones.

Leur efficacité contraceptive est généralement inférieure, mais elles peuvent convenir à certaines femmes, notamment en l’absence de contre-indication aux méthodes médicalisées.

Conclusion

Synthèse des bénéfices et limites

La contraception estroprogestative offre une efficacité contraceptive remarquable, associée à des bénéfices non négligeables pour la santé gynécologique : régulation du cycle, amélioration de certaines pathologies hormonodépendantes, et réduction du risque de cancers gynécologiques. Toutefois, ses effets indésirables, ses contre-indications vasculaires, et le risque thromboembolique doivent être évalués avec rigueur.

Nécessité d’un accompagnement individualisé

Le choix d’une méthode ne saurait être standardisé. Il implique une écoute attentive des besoins, des contraintes et des préférences de chaque personne. Une information claire, actualisée et nuancée reste essentielle pour favoriser une décision libre et éclairée.

Enjeux d’accès et d’information pour un choix éclairé

Face aux disparités d’accès aux soins et aux discours parfois polarisés sur la contraception hormonale, il est crucial de garantir un accompagnement bienveillant, centré sur les besoins des personnes, au-delà des normes et des représentations dominantes.

Sources :

Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), & Haute Autorité de santé (HAS). (2012). Contraceptifs oraux estroprogestatifs : préférez les “pilules” de 1re ou 2e génération. Fiche de bon usage du médicament.

Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). (2013). EVRA (patch contraceptif) et risque de thrombose veineuse : préférer un contraceptif oral combiné (COC) de 1re ou 2e génération.

Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). (2014). Contraceptifs hormonaux combinés : rester conscient des différences entre les spécialités face au risque thromboembolique, de l’importance des facteurs de risque individuels, et être attentif aux manifestations cliniques. Lettre aux professionnels de santé.

Bajos, N., Bohet, A., Le Guen, M., & Moreau, C. (2012). La contraception en France : nouveau contexte, nouvelles pratiques ? Population et Sociétés, (492).

CNGOF. (2017). Faut-il vraiment avoir peur de la pilule contraceptive ?

Gynéco Online. (2025). Efficacité comparée de la contraception estroprogestative et progestative.

Haute Autorité de santé (HAS). (2013). Contraception hormonale orale : dispensation en officine. Fiche mémo.

Haute Autorité de santé (HAS). (2013). Contraception chez la femme à risque cardiovasculaire. Fiche mémo.

Haute Autorité de santé (HAS). (2013). Contraception chez la femme après une interruption volontaire de grossesse (IVG). Fiche mémo.

Haute Autorité de santé (HAS). (2013). Contraception chez la femme en post-partum. Fiche mémo.

Haute Autorité de santé (HAS). (2013). Contraception d’urgence. Fiche mémo.

Haute Autorité de santé (HAS). (2013). Méthodes contraceptives : focus sur les méthodes les plus efficaces disponibles. Document de synthèse.

Haute Autorité de santé (HAS). (2019). Contraception chez l’homme. Fiche mémo.

Haute Autorité de santé (HAS). (2019). Stérilisation à visée contraceptive chez l’homme et chez la femme. Fiche mémo.

MSD Manuals. (2023). Méthodes de contraception hormonales. www.msdmanuals.com

Revue Genesis. (2020). La contraception œstro-progestative. www.revuegenesis.fr

Robin, G. (2015). Contraception hormonale en pratique hors DIU. Communication Formagyn.

Scheffler, M. (2022). Bénéfices non-contraceptifs des contraceptions. Présentation PowerPoint.

Vidal. (2024). Recommandations contraception. www.vidal.fr


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